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LE COEUR ET LA GLANDE THYROÏDE
J. Malcolm O. Arnold,
Cardiologue, Hôpital Victoria, London, Ontario
Professeur de médecine adjoint, University of Western Ontario.
Sommaire d’un allocution prononcée devant le chapitre de la région de London de la Fondation canadienne de la Thyroïde
Les maladies de la glande thyroïde peuvent altérer directement la fonction normale du coeur, causer des symptômes et entraîner d’importantes complications. Pour comprendre comment elles affectent le coeur, il importe de comprendre d’abord comment fonctionne le coeur.
Le coeur est un muscle constitué de cavités dont les parois se contractent et font circuler le sang dans tout le corps. À cause des valvules situées à l’intérieur du coeur, le sang ne circule normalement que dans une seule direction. Le sang retourne au coeur au moyen des veines, puis l’oreillette droite et le ventricule droit du coeur pompent le sang dans les poumons. De là, le sang retourne vers l’oreillette gauche et le ventricule gauche d’où il est éjecté dans les artères qui distribuent le sang aux divers organes du corps.
En ce qui regarde les maladies thyroïdiennes, il est important de comprendre deux principes. Premièrement, comme le coeur lui-même est un muscle, il a besoin d’oxygène pour fonctionner et reçoit l’oxygène au moyen d’artères spéciales appelées «artères coronaires». Si ces artères coronaires sont atteintes d’une maladie qui cause une obstruction dans la lumière du vaisseau, entraînant une réduction du flux sanguin dans l’artère coronaire, le muscle cardiaque fonctionne alors avec un apport d’oxygène insuffisant et une douleur cardiaque, ou «angine» peut en résulter. Deuxièmement, pour que le coeur puisse battre d’une manière coordonnée et expulser le sang uniformément et efficacement, le muscle cardiaque est stimulé afin de se contracter d’une manière synchronisée par des tissus spécialisés à l’intérieur du coeur qui émettent des impulsions électriques. L’impulsion commence normalement par le haut de l’oreillette droite et descend en se diffusant à travers le coeur.
HYPERTHYROÏDIE
Symptômes et signes
Une augmentation du niveau de thyroxine secrétée par la glande thyroïde stimule le coeur qui bat alors plus vite et plus fort. Au début, cela peut provoquer un rythme cardiaque rapide, appelé tachycardie. Une infirmière ou un médecin détectera cet état, mais habituellement le patient de s’en rend même pas compte. Toutefois, si le rythme cardiaque accéléré s’aggrave, le patient peut ressentir des palpitations, c’est-à-dire qu’il sera conscient des battements du coeur dans sa poitrine. Cela peut parfois être observé par des personnes normales à la suite d’un exercice physique excessif ou après avoir consommé trop de caféine. Toutefois, si cela se produit au repos et qu’il s’agit d’un rythme cardiaque rapide prolongé, cela peut alors être anormal. Des palpitations peuvent survenir dans d’autres types de maladies cardiaques mais, si elles sont causées par une hyperactivité de la glande thyroïde, cela ne signifie pas nécessairement qu’il existe une grave maladie cardiaque sous-jacente. Chez certains patients une stimulation prolongée du coeur à l’aide de la thyroxine peut causer un manque de coordination de la conduction des impulsions électriques à l’intérieur du coeur et il peut s’ensuivre une fibrillation auriculaire. Cela se produit lorsque les impulsions venant de l’oreillette droite, au lieu d’être acheminées normalement dans les ventricules, forment un court-circuit dans les oreillettes et tournent rapidement en rond, causant ainsi une contraction auriculaire inadéquate, une perte de stimulation régulière des ventricules et des pulsations cardiaques irrégulières.
Une stimulation prolongée de la contraction du coeur peut causer une élévation de la tension artérielle appelée hypertension systolique. Normalement, la tension artérielle diastolique, c’est-à-dire celle dont le chiffre est le plus bas, n’est pas plus élevée. La contraction accélérée du coeur, qui entraîne un débit cardiaque accrue, fait qu’on peut aisément sentir le pouls au poignet et contribue à la chaleur moite des mains.
Complications
Une stimulation prolongée non traitée de la fréquence et des contractions cardiaques peut entraîner les deux complications suivantes : l’angine et l’insuffisance cardiaque. L’angine survient lorsque le muscle cardiaque ne reçoit pas assez d’oxygène, ce qui cause un inconfort au centre de la poitrine, qui peut également être ressenti dans la gorge, le cou ou la mâchoire, et dans les bras (souvent le bras gauche). Dans les cas graves, l’individu ne ressent pas un simple inconfort mais une douleur réelle. Si cette douleur n’est pas traitée, il peut s’ensuivre une véritable crise cardiaque ou infarctus du myocarde, qui endommage une région du muscle cardiaque d’une manière irréversible.
L’insuffisance cardiaque peut survenir lorsque l’effort accru exigée du coeur par le rythme rapide et l’augmentation des contractions provoquent un affaiblissement du muscle cardiaque qui alors ne peut plus pomper efficacement le sang des poumons vers le reste du corps. Le symptôme habituel est donc l’essoufflement dû à la congestion du sang dans les poumons. Il peut aussi y avoir enflure des chevilles.
Habituellement, l’angine et l’insuffisance cardiaque ne surviennent pas chez les jeunes hyperthyroïdiens dont le coeur est sain. Toutefois, chez les patients plus âgés ayant une maladie cardiaque sous-jacente, la présence d’une glande thyroïde hyperactive peut suffire à démasquer la maladie cardiaque sous-jacente et aggraver les symptômes qui sont déjà présents.
Traitement
Tout d’abord, il est essentiel de corriger l’hyperthyroïdie. La décision d’utiliser soit les médicaments, soit le traitement à l’iode radioactif ou la chirurgie dépend de la nature du problème thyroïdien. En même temps qu’on traite l’hyperthyroïdie, on peut entreprendre un traitement spécifique pour l’angine à l’aide d’un médicament qui ralentit la fréquence cardiaque, tel qu’un inhibiteur ß-adrénergique (ß-bloquant), par exemple le propranolol. Il existe une grande variété de médicaments similaires au propranolol et tous ont la même efficacité. Ces médicaments sont également utiles pour atténuer d’autres symptômes de l’hyperthyroïdie comme le tremblement des doigts et l’anxiété. On traite habituellement l’insuffisance cardiaque de façon normale, soit avec une médication visant à améliorer la fonction cardiaque, comme la digoxine et des médicaments qui augmentent l’excrétion d’eau par le rein, c.-à-d. les diurétiques, comme le furosémide. On ne sait pas encore très bien comment la thyroxine agit directement sur le coeur, mais il semble que certains patients ont une résistance relative à des doses normales de digoxine et il peut s’avérer nécessaire de mesurer le niveau de digoxine dans le sang et d’augmenter la dose afin d’obtenir l’effet désiré.
HYPOTHYROÏDIE
Symptômes et signes
Les symptômes et signes semblent être à l’opposé de ceux mentionnés ci-dessus pour une fonction excessive de la thyroïde. Ils consistent en un rythme cardiaque lent et une hypotension artérielle. Aucun de ces signes ne produit habituellement de symptôme chez les patients. Une hypothyroïdie prolongée cause des changements métaboliques dans l’organisme et peut produire une élévation du taux de cholestérol. Or, on sait qu’un taux élevé de cholestérol peut causer ou aggraver le rétrécissement des artères coronaires. Toutefois, comme le rythme cardiaque et la tension artérielle s’abaissent également, les complications que constituent l’angine et la crise cardiaque sont relativement rares.
Complications
Dans les cas d’hypothyroïdie grave et prolongée, les fibres du muscle cardiaque peuvent être atteintes; le coeur devient faible, ce qui peut entraîner une insuffisance cardiaque. Il y a souvent une accumulation de liquide autour du coeur, appelée épanchement péricardique, qui produit rarement des symptômes. Comme nous le disions plus tôt, il peut y avoir un risque accru de maladie coronarienne, mais on n’en connaît pas encore toute l’importance. Comme pour l’hyperthyroïdie, les complications cardiaques surviennent plus souvent chez les patients ayant une maladie cardiaque sous-jacente causée par des facteurs autres que des problèmes thyroïdiens.
Traitement
En présence d’une maladie cardiaque, l’hypothyroïdie doit être corrigée lentement. Si l’on commence l’hormonothérapie thyroïdienne substitutive à un dosage normalement administré à un patient qui par ailleurs est en santé, l’effort demandé au coeur peut alors augmenter rapidement et entraîner des symptômes d’angine et d’insuffisance cardiaque. Par conséquent, il est souvent nécessaire de commencer à administrer la thyroxine de substitution à la moitié ou même au quart de la dose normale. Selon la réaction du patient et l’absence de symptômes cardiaques, cette dose peut être augmentée sur une période de quelques semaines ou de quelques mois jusqu’au dosage normal de l’hormonothérapie thyroïdienne.
SOMMAIRE
Une maladie thyroïdienne peut affecter directement le coeur lorsque la glande thyroïde est hyperactive. Elle peut causer des symptômes de palpitations, de douleur ou d’insuffisance cardiaque. Des symptômes similaires peuvent survenir en cas d’hypothyroïdie si elle est corrigée trop rapidement au moyen d’une hormonothérapie thyroïdienne substitutive. Des symptômes de maladie cardiaque sont beaucoup plus susceptibles de survenir chez les patients ayant une maladie cardiaque sous-jacente provenant d’une autre cause. Des changements permanents dans l’état du coeur sont peu fréquents chez les personnes dont le coeur est sain, à moins que la maladie thyroïdienne ne soit particulièrement grave ou n’ait été diagnostiquée qu’après une très longue évolution.