TRAITEMENT DE L’HYPERTHYROÏDIE À L’IODE RADIOACTIF

par David V. Becker, M.D., James R. Hurley, M.D., et Ronald Detres
Division Médecine nucléaire, New York Hospital, Centre médical Cornell, New York, N.Y.

Qu’est-ce que l’iode radioactif ?
L’iode radioactif est une forme d’iode chimiquement identique à l’iode non radioactif. Par conséquent, la glande thyroïde, qui absorbe l’iode pour produire l’hormone thyroïdienne, ne peut faire la distinction entre les deux. Toutefois, le noyau d’une molécule d’iode radioactif possède un excédent d’énergie et émet des radiations qui agissent sur les cellules dans lesquelles elles sont concentrées.

Comment le traitement se donne-t-il ?
L’iode radioactif se donne sous forme de capsule ou de solution insipide diluée dans l’eau.

Comment agit-il ?
Le traitement de l’hyperthyroïdie par l’iode radioactif repose sur le fait que la glande thyroïde a un besoin naturel d’iode pour produire l’hormone thyroïdienne. La thyroïde est la seule partie du corps capable de capter et de retenir l’iode. Dans l’hyperthyroïdie, les cellules thyroïdiennes sont trop stimulées et produisent des quantités excessives d’hormones thyroïdiennes, lesquelles sont secrétées dans le sang et causent les symptômes propres à l’hyperthyroïdie.

Lors du traitement à l’iode radioactif, la glande thyroïdienne ne peut détecter si l’iode est radioactif ou non, et l’absorbe normalement de façon proportionnelle à l’activité de la thyroïde. Ainsi, l’iode radioactif s’accumule dans les cellules qui produisent l’hormone thyroïdienne et y demeure assez longtemps pour irradier la glande et ralentir sa production. L’iode radioactif qui n’est pas retenu par la glande thyroïde est rapidement secrété par l’organisme (dans les deux ou trois jours), principalement par le rein et dans l’urine.

Combien de temps cela prend-t-il pour guérir l’hyperthyroïdie ?
Il existe des variations individuelles considérables dans le temps et l’importance de la réaction à l’iode radioactif. Cela dit, le traitement atteint habituellement son effet maximal au bout de trois mois. La plupart des patients ne sont alors plus hyperthyroïdiens, bien que chez certains cela peut prendre jusqu’à six mois. Chez un petit nombre de patients, l’effet peut s’avérer insuffisant et un second traitement peut être nécessaire. Une troisième dose d’iode radioactif peut même être administrée sans causer d’effets secondaires.

Le traitement peut-il entraîner un fonctionnement insuffisant de la thyroïde ?
Il arrive souvent que des hyperthyroïdiens deviennent hypothyroïdiens (activité déficiente de la thyroïde). Cette situation peut survenir en l’absence de traitement ou lors d’un traitement autre que celui à l’iode radioactif (comme les médicaments ou la chirurgie). Évidemment, les traitements qui endommagent ou enlèvent du tissu thyroïdien, comme l’iode radioactif ou la chirurgie, augmentent l’incidence de l’hypothyroïdie et raccourcissent le laps de temps avant qu’elle n’apparaisse. Cela peut se produire très tôt, par exemple, deux mois après le traitement ou, au contraire, vingt ou trente ans plus tard. L’apparition de l’hypothyroïdie est une complication très courante du traitement à l’iode radioactif.

De quelle manière l’hypothyroïdie est-elle diagnostiquée et traitée ?
L’hypothyroïdie est facile à diagnostiquer, principalement par une analyse de sang qui peut révéler la présence de la maladie avant même l’apparition des symptômes. Dès que le niveau d’hormones thyroïdiennes descend sous la normale, l’hypophyse commence à accroître la production de TSH (hormone thyréotrope). Ainsi, un niveau plus élevé de TSH dans le sang permet au médecin de déterminer que la fonction de la thyroïde est au-dessous de la normale.

Le traitement de l’hypothyroïdie est assez simple. Une petite pilule thyroïdienne, peu coûteuse, prise une fois par jour, devrait ramener le niveau d’hormones thyroïdiennes à la normale et éliminer les symptômes de l’hypothyroïdie. Si vous souffrez d’hypothyroïdie, vous devrez vraisemblablement prendre un tel comprimé d’hormones thyroïdiennes pour le reste de votre vie. Une examen médical annuel sera nécessaire pour assurer que votre dose d’hormones thyroïdiennes est appropriée. Ces examens sont habituellement recommandés pour tous les hyperthyroïdiens, quel que soit leur traitement.

Le traitement fait-il prendre du poids ?
Le traitement à l’iode radioactif guérit l’hyperthyroïdie, abaisse le niveau d’hormones thyroïdiennes et fait disparaître les symptômes. Le gain de poids n’est pas une conséquence inévitable du traitement.

Tous les patients hyperthyroïdiens ont un métabolisme accéléré qui fait que leur organisme dépense l’énergie plus rapidement que la normale. Chez plusieurs, l’appétit et la consommation d’aliments augmentent également. En raison des différences individuelles de métabolisme et d’appétit, certains patients hyperthyroïdiens perdent du poids, certains restent au même poids tandis que d’autres prennent effectivement du poids. Lorsqu’ils sont guéris, peu importe le mode de traitement, la vitesse du métabolisme diminue et l’énergie se dépense plus lentement. Il y a habituellement une baisse de l’appétit, et la plupart des patients reviennent au poids qu’il avaient avant l’hyperthyroïdie. Toutefois, le gain d’appétit peut persister après le ralentissement du métabolisme. Si cela vous arrive, peut-être aurez-vous tendance à prendre du poids, à moins que vous ne diminuiez volontairement votre consommation d’aliments. Cela dit, vous pouvez y remédier facilement en mangeant moins.

Qu’arrive-t-il si la femme est enceinte ?
L’iode radioactif ne doit jamais être utilisé dans le cas d’une grossesse. La raison en est qu’après le troisième mois de gestation, la glande thyroïdienne du foetus commence à produire des hormones thyroïdiennes et captera l’iode radioactif. En effet, l’iode traverse facilement le placenta, passant de la mère au bébé, et l’iode radioactif risquerait alors de diminuer la fonction de la thyroïde de l’enfant à naître. Des méthodes de traitements autres que celle à l’iode radioactif doivent donc être utilisées chez les femmes enceintes hyperthyroïdiennes. À titre de précaution, avant d’administrer de l’iode radioactif à une femme hyperthyroïdienne en âge d’avoir des enfants, on doit s’informer de la possibilité qu’elle soit enceinte ainsi que de la date de sa dernière menstruation. Certains médecins peuvent même demander à la femme de subir un simple test de grossesse avant de procéder au test et au traitement à l’iode.

L’iode radioactif : à éviter en cas d’allaitement
Lorsque la femme allaite son bébé, l’iode radioactif qu’elle prend comme traitement de la thyroïde peut passer de son corps à celui du nourrisson à travers le lait maternel. L’iode radioactif pourrait être concentré dans la glande thyroïde du bébé et entraîner un changement dans la fonction de celle-ci, jusqu’à provoquer des tumeurs ou des nodules thyroïdiens. Par conséquent, s’il est important que la mère reçoive un traitement à l’iode radioactif au moment où elle allaite, son médecin exigera qu’elle cesse d’allaiter jusqu’à ce que les tests démontrent qu’il n’y a plus d’iode radioactif dans son lait.

Les effets secondaires de l’iode radioactif
Un traitement à l’iode radioactif n’a aucun effet secondaire immédiat. Il ne provoque ni nausée, ni vomissement, ni chute de cheveux ni réaction allergique. Dans les cas rares, la glande thyroïde peut être légèrement sensible pendant un jour ou deux.

Existe-t-il d’autres traitements ?
Il existe deux autres solutions de rechange : les médicaments antithyroïdiens et la chirurgie.

Les médicaments antithyroïdiens ralentissent la production d’hormones thyroïdiennes pour maîtriser ainsi les symptômes d’hyperthyroïdie. Le propylthio-uracile et le méthimazole (Tapazole) sont les deux médicaments antithyroïdiens utilisés aux États-Unis et au Canada. Le Carbimazole, apparenté au Tapazole, est utilisé en Angleterre. Chez presque tous les patients, ces médicaments sont efficaces pour ramener leur niveau d’hormones thyroïdiennes à la normale et éliminer les symptômes. Cela prend ordinairement de quatre à huit semaines lorsque la médication est prise régulièrement et à la dose appropriée.

Une guérison permanente survient dans une faible proportion d’hyperthyroïdiens ainsi traités (environ 20 à 30 pour cent), bien qu’il soit impossible de prédire quels patients seront guéris et demeureront en santé une fois la médication interrompue. On recommande habituellement des doses régulières de deux à trois comprimés antithyroïdiens par jour pendant au moins six à douze mois pour tenter d’obtenir une guérison permanente. Les médicaments antithyroïdiens produisent parfois des effets secondaires, le plus souvent une éruption cutanée ou une démangeaison. Ce sont là des réactions allergiques qui surviennent dans environ cinq pour cent des patients et qui disparaissent lorsque la médication est discontinuée.

Il arrive parfois, cependant, que ces médicaments provoquent des réactions plus graves qui peuvent entraîner une arthrite, une hépatite ou une dangereuse baisse du nombre de globules blancs dans le sang, connue sous le nom d’agranulocytose. Comme les globules blancs nous protègent de l’infection, des infections graves et même fatales peuvent survenir si l’agranulocytose s’installe. Heureusement, le nombre de globules blancs revient ordinairement à la normale peu après l’arrêt de la médication.

L’ablation de 80 à 90 pour cent de la glande thyroïde est très efficace pour guérir l’hyperthyroïdie et est pratiquée depuis des années. Toutefois, avant qu’on puisse procéder à l’opération, l’hyperthyroïdie doit d’abord être maîtrisée au moyen d’un traitement de six à huit semaines aux médicaments antithyroïdiens et à l’iode afin d’abaisser le niveau d’hormones thyroïdiennes.

Une hospitalisation de deux à cinq jours est habituellement nécessaire. La chirurgie comporte les risques inhérents à une anesthésie générale et de dommages éventuels aux structures avoisinantes du cou, comme les nerfs contrôlant le mouvement des cordes vocales et les glandes parathyroïdes qui contrôlent le métabolisme du calcium. Bien que les complications chirurgicales soient rares lorsque l’opération est pratiquée par un chirurgien d’expérience, spécialiste de la thyroïde, elles surviennent néanmoins chez 2 à 5 pour cent des patients. Tout comme pour le traitement à l’iode radioactif, l’hypothyroïdie est chose courante après la chirurgie, et elle survient ordinairement quelques semaines après l’opération. Même les patients qui se portent bien pendant plusieurs mois sont à risque pour une hypothyroïdie tardive et doivent subir une analyse de sang annuelle pour s’assurer que leur niveau d’hormones thyroïdiennes demeure normal.

Le traitement à l’iode radioactif est-il dangereux ?
Le traitement de l’hyperthyroïdie à l’iode radioactif est couramment utilisé depuis plus de 35 ans sur bien au-delà d’un million de personnes aux États-Unis seulement. De nombreuses études sur des patients ainsi traités et réévalués plus tard ne montrent aucun effet secondaire ni complications pour eux ou leurs descendants. L’iode radioactif est maintenant reconnu comme le traitement de l’hyperthyroïdie le plus sûr, le moins coûteux, le plus commode et le plus efficace. Aux États-Unis, environ 90 pour cent des patients hyperthyroïdiens sont traités à l’iode radioactif.

Le traitement à l’iode radioactif de l’hyperthyroïdie
Le traitement est sans danger étant donné que l’iode radioactif peut livrer suffisamment de radiations à la glande thyroïde pour en ralentir la fonction, tout en n’en livrant qu’une petite quantité au reste du corps. En effet, l’iode radioactif demeure dans la glande thyroïde et ce qui n’est pas capté par cette dernière est rapidement éliminé dans l’urine. L’exposition du reste du corps aux radiations est faible, de l’ordre de celle d’une ou deux radiographies courantes, comme celles de la série GI.

Y a-t-il un danger pour la famille du patient ?
Non. Comme la quantité de radiations qu’il reçoit ne présente aucun danger, il est raisonnable de penser que personne dans son entourage ne risque d’en recevoir quantité dangereuse.

Néanmoins, les médecins s’efforcent de minimiser l’exposition aux radiations de chaque personne. Cela est particulièrement important pour celles qui sont le plus sensibles aux effets éventuels des radiations, comme les femmes enceintes et les jeunes enfants.

L’exposition indirecte peut vraisemblablement survenir si le patient qui a reçu de l’iode radioactif reste tout près d’une autre personne pendant une durée prolongée. Comme l’iode radioactif s’accumule dans la thyroïde, un tel contact consisterait, par exemple, à danser joue contre joue pendant une soirée, bercer un bébé appuyé contre son épaule durant une longue période ou, peut-être, dormir ensemble dans le même lit. Pour cette raison, la plupart des médecins conseillent à leurs patients de dormir seul pendant deux jours et d’éviter tout contact aussi proche. De plus, comme une petite quantité d’iode radioactif se retrouve dans la salive, le baiser n’est pas recommandé pendant les deux à trois jours qui suivent le traitement. Il n’y a aucun risque pour les animaux domestiques.

Qui devrait recevoir de l’iode radioactif ?
En raison de sa sécurité, de sa commodité, de son coût modique et de son efficacité, le plupart des patients thyroïdiens et leurs médecins aux États-Unis optent nettement pour l’iode radioactif comme traitement de choix.


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